Le handicap, qu’il soit physique ou mental, complique la vie courante. Dans les locaux de l’entreprise adaptée Le Verdier, créée et gérée, depuis 1995, par l’APEI de Saint-Amand-Montrond, 45 personnes en situation de handicap occupent des postes liés à la fabrication, l’assemblage et le conditionnement d’articles de papeterie et de petites fournitures de bureau. Les personnes en situation de handicap employées dans cette entreprise adaptée, possèdent de réelles compétences et font preuve d’un véritable savoir-faire.
Nous allons, au fil du temps, avec différents portraits, vous présenter quelques-unes de ces personnes.
Aujourd’hui, Philippe Vannier s’est prêté au jeu :
Philippe Vannier est né à Gien (Loiret), il y a 45 ans. Ses débuts dans la vie sont quelques peu mouvementés puisque sa maman, ouvrière en papeterie puis conductrice de véhicules sanitaires légers, accouche dans un taxi ! Bébé n’arrive pas vraiment à la maternité frais et rose mais très bleuté… et ce ne sera pas le seul accident dans la vie du jeune garçon.
En effet, à l’âge de 13 ans, Philippe traverse malencontreusement derrière un car scolaire et est percuté par un véhicule ne l’ayant pas vu arriver, il en résultera 45 jours de coma, 2 trépanations et de multiples fractures ouvertes de la jambe droite ainsi que de très longues séries de rééducation.
A l’occasion de celles-ci, l’adolescent poursuit sa scolarité et apprend le métier du bois ainsi que celui du fer « j’aimais beaucoup l’odeur du bois mais la Cotorep(*) ne voulait pas que je travaille » avoue Philippe avec regret. Il entreprend ensuite une formation et obtient un diplôme d’AFMT, agent de fabrication en micro-technique. « Je peux réparer un ordinateur et j’ai travaillé quelques temps dans la micro-informatique » confie-t-il avec un brin de fierté dans la voix.
Malheureusement pour lui, l’entreprise ferme et in s’installe à Barlieu dans le Cher où il devient employé communal et s’occupe des espaces verts de la commune. Le jeune homme a gardé de nombreuses séquelles de son accident et sa colonne vertébrale le fait souffrir quotidiennement mais comme il le dit lui-même « il ne faut pas s’écouter ».
Il adresse donc un curriculum vitae à l’APEI de Saint-Amand-Montrond et, le 5 mars 1996, il prend ses fonctions au Verdier. Il travaille dans un premier temps sur la « Solas », une machine permettant de filmer des carnets et enveloppes puis il passe à l’œilleteuse, métier qui consiste à mettre des œillets sur des chemises en carton et en propylène, puis il fait un passage à la parapharmacie où dit-il « on compte les pansements, on les place dans des boîtes et on prépare les commandes ». Enfin, il prend la poste de manutentionnaire sur la « Beck », qui est aussi une machine à filmer qui enveloppe une grosse partie de la production de l’entreprise. Son travail consiste à choisir et positionner, parmi les quatre sorte de films, celui à utiliser suivant les instructions de l’ordre de fabrication (OF) qui lui est remis par son moniteur.
Philippe aime son métier « c’est agréable de pouvoir gagner de l’argent à la sueur de son front » explique celui-ci avec un grand sourire. Philippe vit aujourd’hui à Saint-Amand, dans une maison dont il est propriétaire, il change prochainement sa petite voiture sans permis et a de nombreuses passions, la cuisine et l’ordinateur sur lequel il cherche des recettes, la musique classique, Scorpion et Jean-Jacques Goldman dont il se souvient avoir entendu des chansons lors de ses jours de coma. Son travail lui permet d’avoir des projets, prochainement des travaux pour la maison et il aimerait aussi retrouver ses amis d’enfance. Par ailleurs, il vit une jolie histoire d’amour – nous confie-t-il – avec Isabelle, championne de tir à l’arc (handisport) en 2002 et le couple a une petite chatte prénommée Chipie et comme dit Philippe « elle porte bien son nom » !
(*) devenu aujourd’hui la MDPH