Dans le cadre de l’atelier de pratiques artistiques de l’APEI de Saint-Amand-Montrond, animé par Dominique de Bengy, une soixantaine d’œuvres réalisées par les personnes en situation de handicap ont été exposées du 17 au 25 novembre 2018, salle des Carmes à la mairie de Saint-Amand-Montrond.
Le vernissage a eu lieu samedi 17, en présence de Thierry Vinçon, maire de Saint-Amand-Montrond, d’Emmanuel Riotte, conseiller départemental du Cher, de Jean-Pierre Havard, président du conseil d’administration, des membres du conseil d’administration, de Christian Denis et Patrick Soldati, directeurs généraux de l’association et de nombreux autres invités.
Cette inauguration fut l’occasion d’honorer Dominique De Bengy qui fait valoir ses droits à la retraite et qui donnera ses derniers cours en décembre. Beaucoup d’émotion pour elle lors de la prise de parole de Michel Giet, vice-président, qui a retracé sa carrière au sein de l’association. La joie et le sourire de Dominique, son engagement, son écoute et son accompagnement auprès des personnes en situation de handicap a été salué unanimement par l’assemblée. Elle a su permettre aux artistes qu’elle a guidé chaque semaine, de s’exprimer au travers de la peinture.
Dominique a fait part de sa satisfaction d’avoir pu, tout au long de sa carrière, faire éclore des talents et aider les usagers dont elle avait la charge à s’insérer dans la société par la pratique artistique. Elle a également fait part de sa joie de pouvoir passer la main à une nouvelle animatrice qui saura pérenniser l’activité avec l’enthousiasme qui est le sien .
Nous lui souhaitons une belle et longue retraite.
Guillaume Faucheron, journaliste, a réalisé un portrait dans le Berry Républicain du 17 novembre 2018 :
Un peintre au service des handicapés
Dominique de Bengy, animatrice de l’atelier peinture de l’APEI, revient sur son passage au sein de la structure pour personnes handicapées à l’heure où la retraite se profile.
Les tableaux viennent d’être accrochés, une soixantaine environ. L’exposition de peintures de l’Association de parents d’enfants inadaptés (APEI) s’est installée dans la salle des Carmes pour une semaine.
Cet événement revêt forcément un caractère un peu particulier pour une personne. Dominique de Bengy, animatrice de l’atelier peinture, va bientôt partir à la retraite. Elle vit ainsi l’un des derniers moments à l’APEI après quinze ans d’activité.
« La peinture me rappelle toujours à l’ordre »
Mais pour celle qui aime à peindre la joie de vivre avec son groupe lors des échanges du vendredi, il est hors de question de parler de « tristesse ». Elle préfère mettre en avant « l’émotion ». Car si Dominique de Bengy va bientôt partir, l’activité, elle, va continuer.
La peinture, c’est le fil conducteur de la vie de sa vie. Une activité entamée dès son plus jeune âge, dans ce souci ardent de « fabriquer des choses ». La fibre artistique chevillée au corps, elle passe par les Beaux-arts et une école de stylisme à ses débuts.
Même lorsqu’elle ne travaillait pas en lien direct avec le monde artistique, Dominique de Bengy ne s’est jamais éloignée de son pinceau : « La peinture me rappelle toujours à l’ordre », sourit-elle. Après avoir œuvré en région parisienne, l’artiste est venue s’installer en province. C’est dans le Berry qu’elle a donné une manière différente d’appréhender son activité favorite. En 2000, elle met en place des ateliers en lien avec des municipalités et des associations. Trois ans plus tard, une opportunité s’offre à elle. Elle intègre l’APEI en tant qu’animatrice de l’atelier peinture pour un public en situation de handicap.
Depuis plus d’une décennie, des membres de la structure viennent de leur propre chef, une fois par semaine, pour exprimer leur créativité. Près d’une cinquantaine de personnes pratique cette activité au sein de l’APEI ; un engouement qui a même permis de rafler certains prix au passage de leurs expositions.
Dominique de Bengy met son expertise et sa bienveillance pour accompagner ses élèves dans leurs démarches : « Je les aide en leur donnant les contours. Ils peignent à travers les traits. Mais ce sont eux qui travaillent la couleur, je ne peins pas à leur place. »
Chaque semaine, l’animatrice de l’atelier vit une expérience particulière et enrichissante avec son groupe. « C’est un regard sur soi aussi, ils m’ont apporté un regard sur mes fragilités. J’ai eu beaucoup de chance de faire de la peinture avec eux. J’ai découvert des personnes décomplexées, elles ne laissent pas indifférentes. Nous avons tous nos moments difficiles, nos épreuves. Quelquefois, ils parlent de leur vie. Très souvent, ce sont des personnes qui se révèlent. »
L’échange entre Dominique et son groupe va au-delà du rapport entre un professeur et ses élèves. « Je la trouve super gentille, confie Philippe, un membre de l’atelier peinture. Elle nous remonte le moral, j’adore causer avec. »
« Je passe un relais »
Michel Giet, vice-président de l’APEI et peintre, possède un regard empli d’admiration sur le travail et le caractère de Dominique de Bengy : « C’est une implication totale de sa part. Elle guide avec tact. Elle met à leur disposition des images où ils puisent eux-mêmes leur inspiration. Ils ne font pas de la copie, ils interprètent. Elle corrige les imperfections et les fautes. Ce qui est caractéristique lorsqu’on entre dans son atelier, il règne une atmosphère particulière. On sent la concentration et une application accompagnée d’un silence laborieux. Elle a une personnalité dominée par l’altruisme, ce qui fait son efficacité aussi. »
Dominique de Bengy part vers une douce retraite à la fin de cette année avec le cœur léger. « Je quitte sans tristesse car je sais que ça va continuer, même après moi, ils vont poursuivre la peinture. Je passe un relais. »