Atelier thérapeutique

Médiation avec les ânes pour les résidants du foyer de vie Bernard-Fagot

Les ânes peuvent avoir naturellement un effet thérapeutique sur tout un chacun. C’est pourquoi, depuis presque un an, les résidants du foyer de vie Bernard-Fagot participent à des séances de médiation avec les ânes en partenariat avec l’association Chemine’ânes de Venesmes.

Estelle Bardelot, journaliste au Berry Républicain, s’en fait l’écho dans l’édition du 4 mars 2011 :

Les ânes les aident à se sentir mieux

Depuis juillet, les résidants du foyer Bernard-Fagot qui accueille des adultes handicapés font de l’asinothérapie. Au contact des ânes, ils s’apaisent et se sentent mieux.

Il est 10 heures et le vent glacial souffle sur les hauteurs de Venesmes. Dans la cour de la sente aux ânes, le domaine de Jean et Alice Chabin, qui élèvent des ânes, Julien, Frédérique et Yolande, trois résidants du foyer saint-amandois Bernard-Fagot qui héberge des adultes handicapés, sont déjà attelés à soigner Fripon, Vodka et Tania, trois ânes.

Julien drive l’âne Fripon avec qui il a développé une véritable complicité.
Quand à Frédérique, c’est avec poigne qu’elle promène Vodka.

Leurs gestes sont précis, doux. L’animal ne bouge pas. « Ils ont confiance l’un en l’autre », résume Jean Chabin qui propose cette activité de médiation (*) depuis un an. Cette complicité est l’une des clés de l’asinothérapie : « Quand les résidants arrivent, ils vont dans le champ chercher leur âne. Ils prennent toujours le même, souvent il suffit qu’ils l’appellent pour que l’âne arrive. Il les reconnaît », confie Catherine Nathan, éducatrice au foyer. « Ensuite, ils partent à l’espace soin. Là il y a vraiment un contact physique, le résidant parle à l’âne, se confie, le brosse, le sent. Puis, ils font un petit parcours et une balade, en tenant l’animal avec la longe », poursuit l’animatrice qui a eu l’idée de cette nouvelle activité : « je cherchais une activité à l’extérieur du centre et j’ai entendu parler de l’association de Jean Chabin. L’idée était de faire un partenariat extérieur pour une meilleure intégration des résidants dans la vie citoyenne ». C’est gagné.

L’âne : un confident
Il est 10h30, Frédérique entraîne Vodka, une ânesse bourbonnaise sur le petit parcours, tandis que Julien attend tranquillement, en murmurant à l’oreille de Fripon, un âne de Provence. « Je lui dis qu’il est gentil », rapporte le jeune homme de vingt-neuf ans.
Il est 10h45, c’est le départ de la balade. Sous un soleil éclatant, la procession d’ânes se met en route : devant, Julien tire Fripon, Frédérique suit en tenant Vodka par la longe et Yolande ferme la marche en parlant à Tania. Première difficulté : le passage d’un petit gué. Pas de problème pour Julien et Yolande, en revanche, l’âne de Frédérique ne veut pas avancer : « Il a peur de l’eau et du vide. Ce n’est pas grave Frédérique, On va attendre là », la rassure Jean Chabin. La randonnée peut repartir. Pendant plus d’une heure, les résidants parlent avec leur éducatrice et le couple Chabin. Sans jamais lâcher leur âne, devenu leur confident.
Vers 11h45, après quatre kilomètres sur une petite route de Venesmes, il est l’heure de rentrer. Il reste à récompenser les animaux. Un morceau de pomme pour Fripon, une carotte pour Tania. Julien, Frédérique et Yolande sont fatigués, mais ravis. Dans quinze jours, ils reviendront voir leurs amis à quatre pattes.
* L’association Chemine’ânes propose aussi des prestations auprès de centres aérés et écoles et auprès des particuliers qui veulent faire des balades avec un âne ou en attelage. Tél. : 02.48.60.83.15 et 06.21.70.01.93

«Les ânes leur font prendre confiance en eux et les apaisent»
En huit mois de fréquentation hebdomadaire des ânes, Catherine Nathan a déjà noté beaucoup de changements chez Julien, Frédérique et Yolande.

Pas simple de faire passer un âne sur un gué, mais Yolande est parvenue à faire avancer Tania

« Je vois qu’il ont pris confiance en eux, je vois aussi à leur façon de me demander de revenir ici que les ânes leur font du bien. Qu’ils se sentent bien avec eux. D’ailleurs, quand la séance est terminée, tout retombe. Souvent, ils dorment dans la voiture », rapporte l’éducatrice qui accompagne à raison de deux fois par semaine une vingtaine de résidants du foyer. « On fait un roulement. A chaque fois, ils sont trois à venir », précise t-elle.

Pour Jean Chabin, cette médiation qui est encore peu développée et qu’il est le seul à proposer dans le Cher, doit être basé sur la confiance : « Si un résidant pense à autre chose, l’animal le sent et va en profiter. L’âne est un animal qui, contrairement à ce que l’on pense, est très réfléchi, il anticipe les choses, il analyse s’il y a un danger. Il faut donc une grande confiance entre l’animal et la personne qui le dirige ».
Jean Chabin adapte les séances d’asinothérapie à chaque résidant : « On s’adapte à chaque pathologie. Pour nous, c’est très enrichissant, les résidants nous apportent beaucoup et on sent qu’ils apportent beaucoup aussi aux ânes car ils s’adaptent, changent de comportement en fonction des personnes qui les dirigent. Avec les résidents, les ânes deviennent calmes, placides », ajoute l’ânier.