Insertion professionnelle

L’exemple de Pierrick Servant, ancien salarié des établissements de l’APEI de Saint-Amand-Montrond

L’APEI de Saint-Amand-Montrond n’a eu de cesse que de faire évoluer au sein de ses établissements Pierrick Servant.
Entré au CAT Vernet Industriel (actuellement ESAT) en 1990, puis à L’Artisanerie en 1992 et à l’entreprise adaptée Le Verdier en 1998, il a bénéficié de tout le savoir-faire de l’association pour le faire évoluer dans sa vie professionnelle et dans sa vie sociale.
C’est ainsi que Pierrick a été formé et évalué sur les différents postes qu’il a occupé et a participé à plusieurs actions de formation en vue de son intégration dans le milieu ordinaire de travail.
C’est aujourd’hui, pour l’APEI de Saint-Amand-Montrond, une grande satisfaction de voir Sylvain Cord -premier employeur qui a fait confiance à Pierrick- récompensé par Prométhée Cher, du trophée de l’insertion professionnelle.

Stéphanie Payssan, journaliste, en parle dans l’Echo du Berry du 10 novembre 2010 :

P. Servant : du Centre d’aide par le travail à l’entreprise Cord

A force de volonté, Pierrick Servant, 39 ans, est devenu chauffeur de toupies à béton.
Lorsqu’il parle de camions et de pompes à béton, Pierrick Servant, 39 ans, a les yeux qui brillent. Son parcours professionnel n’a rien de linéaire et c’est pour cela que le 28 octobre, Prométhée Cher, qui œuvre pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées, a remis un trophée à l’entreprise Cord (entreprise de location de toupies à béton, de camions bennes et des chauffeurs qui vont avec) qui a embauché Pierrick il y a dix ans.

Pour Pierrick, le début de la vie n’a pas été rose. « Je suis un enfant de la Ddass et à l’école, ce n’était pas le top. » C’est ainsi que reconnu travailleur handicapé, il se retrouve à travailler au Centre d’aide par le travail (CAT) de Saulzais-le-Potier, à la cartonnerie du CAT de Saint-Amand, à la fabrication de balai à L’Artisanerie puis à l’entreprise adaptée Le Verdier.
« Je ne savais ni lire, ni écrire. J’ai quand même passé mon permis de conduire puis j’ai financé mon permis poids lourds. C’était une grosse dépense d’environ 2 000 euros mais c’était un rêve de gosse. » Pierrick a une volonté de fer, il veut devenir chauffeur de camions. « Le samedi, je venais laver les camions à l’entreprise Cord avec un ami qui y travaillait. »
Sa ténacité paie. Il explique son rêve à Sylvain Cord qui décide de l’aider mais pour que Pierrick puisse devenir chauffeur dans l’entreprise, il doit passer un examen supplémentaire (Fimo : Formation initiale minimum obligatoire) qu’il obtient. En septembre 2002, Sylvain Cord embauche donc Pierrick, en intérim. Fini le travail protégé, Pierrick intègre le milieu ordinaire du travail.

« L’association Prométhée Cher nous a aidé à obtenir des aides financières et administratives, explique Sylvain Cord. Au départ, Pierrick a eu une formation pour apprendre à lire et à écrire puis à manier les toupies à béton. Il partait sur des déplacements journaliers avec un autre chauffeur. Au bout de six mois, il partait seul sur des déplacements à la semaine dans les régions Centre, Auvergne, Limousin, Bourgogne et Rhônes-Alpes. »
Aujourd’hui, embauché en contrat à durée indéterminée, Pierrick est surnommé « Formule 1 » sur les chantiers, mais attention pas parce qu’il outrepasse la vitesse autorisée seulement car « il ne traîne jamais » sourit Sylvain Cord. Pierrick est heureux : « Quand je suis au volant, je vis mon rêve. Je suis fier de moi. »

Chez Cord, il est même le seul salarié de l’entreprise à savoir manipuler la pompe à béton. « C’est une machine extrêmement technique qui permet de pomper le béton dans la toupie et de le passer ensuite grâce à un immense bras articulé par-dessus une maison, par exemple », explique Sylvain Cord. Le parcours de Pierrick est exemplaire.
« Il a une motivation étonnante. En 2009, l’activité béton a chuté. Nous avons développé le transport de matériaux par camions bennes. Pierrick s’y est adapté. »
Pierrick rêve maintenant de ne s’occuper que de la pompe à béton. « Là, on passe sur un poste de technicien. Pour Pierrick, une belle évolution de carrière est possible dans l’entreprise. »
Pierrick se voit déjà aux commandes de cette impressionnante pompe à béton. Un autre rêve qu’il réalisera sans doute bientôt.