Semaine du handicap, l’APEI participe

A cette occasion, Jean-Pierre Havard répond à la presse

Jean-Pierre Havard, président de l’APEI de Saint-Amand-Montrond répond aux questions de Philippe Cros dans l’édition du 18 novembre 2009 du journal “Le Berry Républicain” :

Le handicap n’handicape pas le travail

Le président Jean-Pierre Havard fait le point sur une association, qui accueille des personnes qui n’ont pu intégrer le monde classique du travail.

♦ C’est la semaine pour l’emploi des personnes handicapées. Êtes-vous directement concernés ?
S’il est vrai que l’emploi des personnes handicapées a toujours été une priorité pour l’APEI, nous ne sommes cependant pas au premier plan des objectifs initiés par cette semaine. Car les travailleurs handicapés accueillis par l’APEI sont déjà au travail. La difficulté est toujours d’adapter les conditions de travail car la nature de certains handicaps rend l’intégration souvent plus complexe.

♦ Arrivez-vous tout de même à jouer le rôle de passerelle vers le monde du travail « ordinaire » ?
L’intégration dans le monde du travail, c’est l’idéal. Nous en avons certains qui y arrivent mais c’est tout de même une minorité. Nous avons eu le cas dernièrement d’une personne qui a pu être embauchée dans une entreprise de transports, il est maintenant chauffeur de camion. Tous les ans, nous avons peut-être un, deux ou trois cas comme cela.
Il faut aussi noter que les passerelles que vous évoquez fonctionnent dans les deux sens, car si l’on observe fréquemment chez les personnes handicapées des périodes de rémission ou de stabilisation, il en existe aussi parfois d’aggravation, ce qui nécessite une dynamique par toujours compatible avec notre législation.

♦ Cette intégration est-elle toujours votre objectif ?
L’intégration se fait par le travail dans les entreprises adaptées ou dans ce qui est appelé milieu ordinaire, tout dépend du marché. Les personnes porteuses d’un handicap ou d’une déficience mentale réclament un environnement relationnel capable de s’adapter à leurs déficiences.
Il est vrai que l’idée de base demeure toujours d’intégrer les travailleurs handicapés dans le milieu ordinaire… mais il faut être réaliste.

♦ Cette faible intégration dans le milieu ordinaire, est-ce pour vous un échec ?
Les personnes qui travaillent en entreprises adaptées sont, pour nous, déjà intégrées dans la société. Elles sont externes, elles vivent dans la cité et l’évaluation de leur intégration se fait à travers leur vie sociale, économique, de loisirs, etc…. Nous avons d’ailleurs créé un service d’aide sociale pour les aider dans toutes leurs démarches. Je le répète, nos travailleurs sont déjà intégrés.

♦ La situation peut-elle évoluer ?
Si les entreprises faisaient plus d’efforts avec davantage de mesures incitatives au niveau fiscal, et sans doute plus coercitives, cela pourrait nous aider. Il pourrait ainsi y avoir plus de personnes travaillant dans nos entreprises en mesure d’intégrer le milieu ordinaire. Il est vrai cependant que la conjoncture économique étant ce qu’elle est… cela reste difficile à envisager.

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■ Le « monde ordinaire » c’est quoi ?
Pour différencier les entreprises classiques des entreprises adaptées, on utilise le terme étrange de « monde ordinaire du travail ». «Le fonctionnement de nos deux entreprises adaptées s’inscrit dans les pratiques du monde « ordinaire » de travail, précise Jean-Pierre Havard. C’est un terme qui nous surprend toujours car il n’y a pour nous qu’un monde du travail, que la personne soit porteuse d’une déficience ou pas. J’ajoute que les rémunérations – identiques à celles des entreprises classiques à niveau de qualification identique -, ainsi que les conditions de travail n’incitent pas nos salariés à nous quitter… »