10e colloque francophone de Noirlac

A l’initiative de l’APEI de Saint-Amand, les 19 et 20 novembre 2008 s’est tenu le 10e colloque francophone de Noirlac sur le thème « Affectivité, sexualité et handicap »

C’est tout à la fois à la demande des personnes handicapées et de leurs parents, des professionnels du handicap et des représentants de la justice et des pouvoirs publics que l’APEI de Saint-Amand-Montrond, en partenariat avec le GEFSS de Poitiers a choisi ce thème.
Quelles sont les conséquences de l’exercice de la sexualité pour les personnes handicapées, leurs familles et les professionnels ?, quelles réponses peut-on apporter de façon concrète aux nombreuses interrogations posées par les acteurs de terrain ?, telles étaient les principales questions auxquelles devait répondre ce colloque.

Christian Denis et Patrick Soldati, directeurs généraux, Jean-Pierre Havard, Président accueillent Patrick Gohet, délégué interministériel aux personnes handicapées

Une des tables rondes :
Pratiques professionnelles en institutions

La presse locale et régionale s’est faite largement l’écho de cette manifestation :

La Nouvelle République du 20 novembre 2008 p.20
La Nouvelle République du 20 novembre 2008 p.2
Le Berry Républicain du 21 novembre 2008


La Nouvelle République du 20 novembre 2008 p.20 :

Handicap : confronter ses idées pour avancer

Le dixième colloque de l’Apei est consacré à l’affectivité et la sexualité liées au handicap. Les spécialistes se succèdent à la Cité de l’Or pour nourrir le débat.

320 congressistes, dont 280 représentants d’institutions, réunis hier et aujourd’hui à la Cité de l’Or pour parler affectivité, sexualité et handicap. Le but ? Trouver des solutions aux questions du quotidien des familles et des personnes handicapées et donner une direction aux actions futures.

Pour son dixième colloque, l’Apei de Saint-Amand réunit, mercredi et jeudi, pas moins de 320 congressistes à la Cité de l’Or autour du thème de l’affectivité et de la sexualité liées au handicap. « Nous organisons un colloque tous les deux ans, explique Christian Denis, directeur de l’Apei de Saint-Amand, sur un thème qui a un rapport direct avec nos questionnements du quotidien. » Ces colloques (dits « de Noirlac ») font intervenir différentes sommités nationales, autour de la question du handicap. Des experts venus d’horizons très différents en fait. L’Apei a en effet fait venir non seulement des praticiens, des médecins, des professeurs, des chefs de service éducatif, des psychiatres mais aussi des philosophes, des cinéastes, un vice-président de tribunal de grande instance, un syndicaliste, un représentant de la chrétienté… « Grâce à ces intervenants et le fait que nous sommes parrainés par l’académie de médecine, nous avons la chance de pouvoir élever le débat bien au-dessus de la problématique du quotidien. Cette réflexion, que nous ne pouvons pas avoir en interne, nous l’avons grâce au colloque. Cela permet de confronter nos idées et de voir si nous allons dans la bonne direction. »

Après une première journée, hier, consacrée à des exposés introductifs et qui ont permis de mettre les idées sur la table autour des questions non seulement de santé mais aussi d’éthique et de société, la journée d’aujourd’hui sera consacrée à des ateliers de réflexion concrets. Car ces colloques ont bien une finalité. « Le but est d’avoir au final quelque chose de concret. Des réponses précises à donner sur le terrain, au quotidien aux familles et aux personnes handicapées. »

à chaud
« Des sujets de droit à part entière »

« Les personnes handicapées sont des sujets de droit à part entière et il faut se poser les bonnes questions par rapport à la maltraitance, notamment, dans l’affectif et la sexualité. Il est aujourd’hui question, mais pour l’instant de manière informelle, de la création d’une structure d’accompagnement à la vie sexuelle des handicapés. Mais nous n’en sommes qu’à la phase de réflexion et à la façon dont nous voulons amener le débat sur la place publique » – Patrick Gohet, délégué interministériel pour les personnes handicapées

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La Nouvelle République du 20 novembre 2008 p.2 :

La sexualité reste encore un tabou

« La personne handicapée n’est ni une personne asexuée, ni un boulimique sexuel. La question de la contraception et celle des enfants ont toujours été abordées mais la sexualité est encore un tabou. Même si elle est aussi devenue un droit que les personnes handicapées réclament aujourd’hui. » Patrick Soldati est directeur général de la recherche médicale de l’Association de parents d’enfants inadaptés (APEI), à Saint-Amand-Montrond. Il participait, hier, à la Cité de l’or de Saint-Amand, comme une quarantaine d’éminences grises, au 10e colloque de l’APEI consacré, cette année, à l’affectivité et à la sexualité liées au handicap. Un colloque qui se poursuit encore aujourd’hui pour plus de 300 congressistes (lire page 20).
Car les questions qui auraient pu rester en suspens, hier, sur la question, ne le peuvent plus aujourd’hui. « La société est responsable de la réponse et des moyens qu’elle va apporter à l’approche de la sexualité des personnes handicapées. » D’autant plus que la loi de 2005 sur le handicap insiste sur les nécessités d’accessibilité, de compensation et d’une réponse institutionnelle envers le handicap. L’affectivité et la sexualité en font partie. « La sexualité des personnes handicapées serait-elle une maladie dont on guette les symptômes ? », a demandé, en préambule, Jean-Pierre Havard.

Pas préparés
Pour le président de l’APEI, au contraire, « les parents d’enfants handicapés et les professionnels savent que les handicapés ne sont pas dépourvus de sexualité ». Et que le nier équivaudrait à seulement retarder l’effet d’une bombe. Mais, souvent surprotégés, ou entourés d’une trop grande attention des parents, les handicapés ne sont pas préparés à l’éveil de leur sexualité. « Et il nous faut acquérir aujourd’hui cette compréhension pour les accompagner. »

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Le Berry Républicain du 21 novembre 2008 :

Témoignage à l’issue du colloque sur la sexualité des handicapés
« Les handicapés revendiquent la liberté sexuelle »

Pendant deux jours, trois cent cinquante congressistes ont participé au dixième Colloque de Noirlac, organisé par l’Association des parents d’enfants inadaptés (Apei) de Saint-Amand.

Affectivité, sexualité, handicap : le thème répondait à l’attente des professionnels qui ont besoin de repères sur ces questions. Rencontre avec Bernard Maîtrejean, qui dirige plusieurs centres médico-sociaux dans le Pas-de-Calais.

PRATICIEN. Bernard Maîtrejean dirige plusieurs foyers

• Le thème de ce colloque explique-t-il son succès ?
En partie, mais l’intérêt de ces rendez-vous annuels de l’Apei de Saint-Amand, c’est qu’ils sont pluridisciplinaires. Mais surtout qu’ils ne se limitent pas, comme trop souvent, à une seule forme de handicap. Moi-même, je m’occupe de personnes qui ont des déficiences motrices, neurologiques et intellectuelles. Ce cumul de handicaps est beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense.

• Les institutions vivent-elles une forme de révolution sexuelle ?
Ça fait maintenant quarante ans que je travaille dans des centres et la question des rapports affectifs des résidants a toujours préoccupé les professionnels. Jusqu’ici, chacun réagissait ou avait sa propre méthode en fonction de son histoire personnelle et était plus ou moins permissif selon qu’il est plus ou moins à l’aise avec la sexualité. Ce qui évolue, ce sont les outils mis à notre disposition. Nous avions besoin de réfléchir collectivement.

• Existe-t-il pour autant des recettes à appliquer ?
Non, mais, on retient l’idée d’un cheminement de la personne handicapée. Nous avons un rôle d’accompagnement à jouer pour faciliter par exemple les relations de la personne handicapée avec sa famille. C’est parfois dans les familles, qu’il y a le plus de blocage sur la question de l’intimité.

• Jusqu’où peut aller cet « accompagnement » ?
Pas jusqu’au lit conjugal, bien sûr. Mais il existe désormais de fortes revendications des personnes handicapées. La vie sexuelle, c’est un droit humain. Certaines personnes très lourdement handicapées peuvent revendiquer une assistance sexuelle. Qui peut être fournie par un(e) professionnel(le) du sexe. Ce n’est pas tranché. Mais l’idée, pour un directeur, d’être assimilé à un proxénète, ce n’est pas réjouissant.

• Est-ce qu’aujourd’hui les professionnels ne redoutent pas davantage les poursuites ?
Il y avait autrefois un certain flou juridique, nous avions besoin de clarification. Je pense que les professionnels n’hésitent plus à faire un signalement dès que les limites sont franchies. Il faut un cadre de procédure précis.

• Cela vous vaut-il des cas de conscience ?
Quand une jeune femme handicapée de dix-huit ans me dit « Je suis majeure, je veux coucher avec mon ami », si je dis non, c’est le risque de rapports sans protection. Est-ce que j’en parle à la famille, qui peut s’interposer ? Il vaut toujours mieux accompagner.

• Les conclusions du docteur Soldati
Patrick Soldati, psychiatre et directeur médical de l’Apei de Saint-Amand, reprend quelques enseignements de ces deux jours de rencontres : « Ce thème s’est imposé à nous sous la poussée formidable des usagers. Il fallait en finir avec l’idée que les handicapés sont soit des asexués soit des boulimiques sexuels. Alors qu’il n’y a pas de différence avec le reste de la population. Et on parle enfin d’affectif ! L’approche de leur sexualité était jusqu’ici purement mécanique, autour des enjeux de la procréation. Nous avons eu le témoignage d’un couple stérile qui dit : « Plus jamais ça ! « . Les personnes handicapées sont désormais entendues et peuvent exercer leur droit ».