Partenariat avec un commerce de proximité

L’APEI de Saint-Amand-Montrond gère et anime, depuis 1991, un foyer d’hébergement de 25 places sur la commune de Saulzais-le-Potier. Cette commune de 527 habitants est situé à 16 kilomètres des premiers commerces de Saint-Amand-Montrond. Les personnes en situation de handicap accueillis dans cette structure ont choisi de vivre à la campagne dans un environnement préservé, proche de la nature. Au fil du temps, la question de l’approvisionnement en denrées alimentaires et produits frais est devenue une difficulté liée au temps de déplacement et à la fatigue engendrée.

Devant ces problèmes, l’équipe éducative a mené une réflexion avec les résidants et ont décidé de s’approvisionner auprès du commerce de proximité de Saulzais-le-Potier. Après des rencontres avec Karine Accolas, gérante de la supérette Vival, ils ont convenu de la mise en place d’une organisation adaptée aux besoins des personnes en situation de handicap.
C’est ainsi que depuis la fin de l’année 2013, l’ensemble de résidants du foyer de Saulzais-le-Potier fait ses achats hebdomadaires à la supérette du village. Grâce à ce partenariat, la commerçante, qui les aide à faire leurs courses, accorde à chacun 10% de remise sur leur panier.

Christel et Philippe
Philippe et Heidi

Tous les week-ends, un temps d’accompagnement est consacré, avec chacun, à la préparation des menus de la semaine et à la rédaction de la liste de courses. C’est l’occasion, pour les éducateurs, de mener un travail sur l’hygiène alimentaire, la gestion d’un budget et l’autonomie. De plus, cette nouvelle organisation dégage du temps en soirée pour d’autres actions éducatives, avec en autre, un atelier cuisine pour compléter leurs actions sur l’équilibre alimentaire.

Ce nouveau mode de fonctionnement, satisfaisant pour tous, démontre l’implication de l’APEI de Saint-Amand-Montrond pour améliorer la qualité de services apportés aux personnes en situation de handicap tout en concourant au maintien d’un commerce de proximité sur le territoire.

Estelle Bardelot, journaliste en parle dans le Berry Républicain du 23 avril 2014 :

Les Résidants de l’APEI achètent local

Les résidants des pavillons de l’APEI à Saulzais-le-Potier font désormais leurs courses dans la supérette locale.

«Ce soir, je veux manger une omelette. J’ai besoin d’acheter des œufs. » En entrant dans le petit Vival, situé sur la place de Saulzais-le-Potier, les résidents du foyer d’hébergement de l’Association de parents d’enfants inadaptés (APEI) de Saint-Amand qui habitent dans dix-neuf logements à Saulzais, sont des clients comme les autres. Depuis octobre dernier. Une révolution pour ces hommes et femmes…
« Ils travaillent à l’Esat de Saint-Amand mais vivent à Saulzais, explique Laurence Rabaté, chef de service au foyer d’hébergement de l’APEI. Jusqu’en octobre, certains soirs après être rentrés du travail, les résidents devaient repartir dans les grandes surfaces saint-amandoises pour faire les courses. Mais cela engendrait pour eux de la fatigue, de l’énervement et cela leur prenait du temps qui ne pouvait plus être consacré à d’autres activités. Nous avons donc cherché une autre solution. »

Finalement, l’APEI a décidé de signer un partenariat avec la gérante du Vival, la supérette de Saulzais. « Quand la proposition m’a été faite par l’APEI, j’ai tout de suite été partante, confie Karine Accolas, la commerçante qui tient l’épicerie depuis 2003. Je connaissais déjà certains résidents qui venaient faire des courses d’appoint. »
Désormais, chaque semaine, les dix-neuf résidents remplissent leurs sacs dans les rayons de l’épicerie locale. Mais ils sont guidés. « Avec l’équipe, nous avons mis en place une organisation des courses, commente Laurence Rabaté. Nous les accompagnons car certains résidents n’ont jamais cuisiné, d’autres ne savent ni lire, ni écrire. On s’est aussi rendu compte que leur manière de composer leurs repas était souvent anarchique. Des éducatrices vont donc voir les résidents, préparent avec eux des menus en fonction de leurs goûts et dressent une liste de course. »
C’est donc munis de cette feuille de produits à acheter que les résidents se présentent au magasin. Certains demandent alors de l’aide à la gérante : « Pour la plupart, je n’ai qu’un travail de vérification pour voir s’ils ont tout pris, indique la commerçante. Mais comme ils le font très sérieusement, il y a peu d’oublis. En revanche, j’aide ceux qui ne savent pas lire les étiquettes. J’aime bien faire les courses avec eux, les aider. Maintenant, nous avons nos habitudes. » Car depuis octobre, les résidents se sont approprié le magasin, ont fait connaissance avec la commerçante, des liens se sont tissés… « Au départ, ils arrivaient avec leurs sacs vides et me laissaient pour que je fasse les courses pour eux, affirme Karine Accolas. Désormais, c’est fini. Sauf pour les fruits et légumes. »

Ils perdent du poids
Calculette en main, Christelle compte ses courses. Du fromage râpé, du lait… tout est financé sur le budget personnel des résidents. Qui sont moins tentés dans la petite surface que dans les supermarchés saint-amandois. « Ici, il est plus facile de respecter l’équilibre alimentaire, assure Laurence Rabaté. Et nous avons mis en place au foyer un atelier cuisine qui a lieu chaque samedi matin avec une éducatrice. Elle leur apprend les bases de la cuisine en fonction de leur niveau. On se rend compte que certains résidents essaient de refaire les plats, plus tard. » Premier constat : « Certains résidents ont… perdu du poids car les repas sont plus équilibrés et qu’il y a moins de tentation. Cette nouvelle organisation était nécessaire. »
Pour Christian Denis, le directeur de l’APEI, ce partenariat est « une volonté d’ouvrir les structures vers la ville. C’est une belle insertion… »