Intouchables…

L’avis d’une personne en situation de handicap

Après la sortie du film évènement “Intouchables” qui a été vu par près de 20 millions de spectateurs, une journaliste de l’Echo du Berry a souhaité rencontrer une personne à mobilité réduite employée à l’entreprise adaptée L’Artisanerie pour lui demander son avis. Thierry Bruneau, salarié dans l’établissement depuis février 1985, s’est prêté avec plaisir au jeu des questions-réponses.

Anne-Lise Dupays, journaliste, avec l’aide de Léa Jolivet (stagiaire) en parle dans L’Echo du Berry du 1er au 7 mars 2012 :

La vague des Intouchables a déferlé sur Le Moderne

Récompensé aux César 2012, Intouchables a été vu 4 874 fois au Moderne, à Saint-Amand.

Avec 4 874 entrées enregistrées au cinéma Le Moderne, Intouchables bat des records. Projeté en sortie nationale à Saint-Amand le 2 novembre, le film d’Eric Toledano et Olivier Nakache est resté seize semaines à l’affiche du Moderne.

Léo Basset responsable de salle au cinéma Le Moderne

Léo Basset, responsable de salle au cinéma saint-amandois, confirme que c’est un film qui a beaucoup plu : « C’est un film intergénérationnel, comme pour Bienvenue chez les cht’is qui a fait un carton, mais la “morale” d’Intouchables est plus sympa ». Pour le responsable du cinéma, le succès du film est là : deux acteurs drôles, François Cluzet et un Omar Sy (« un personnage clef du film. Il reste lui-même et ne cherche pas à paraître dans la société »).
Devant Le Moderne, Francine confirme : « Les personnages sont attachants et j’ai apprécié leur solidarité ». Isabelle est infirmière à Saint-Amand. Elle fréquente Le Moderne une fois par semaine. Elle a vu le film aux 19 millions d’entrées au box-office, dès sa sortie, « vierge de tout commentaire ». Cette quadragénaire cinéphile ne voulait pas manquer François Cluzet, qu’elle affectionne particulièrement. « Je connaissais Omar Sy du SAV des émissions et je l’ai découvert au cinéma. Super attachant… Il est très fort ».
Florence et Jean-François, venus de Saint-Bonnet-de-Tronçais, ont assisté, pour leur part, à la projection du dernier film de Spielberg, Cheval de Guerre. Si les deux sexagénaires fréquentent plusieurs salles de cinéma, « en fonction des thèmes et des horaires des films », ils n’ont pas souhaité voir Intouchables. « Peut-être à cause du tapage médiatique qu’il y a eu autour du film », sourit Jean-François. « Nous avions vu L’Homme de chevet d’Alain Monne avec Sophie Marceau, qui aborde une problématique similaire, explique son épouse. Nous n’avons pas eu envie de revoir un film qui aborde un sujet auquel nous avons été confrontés », glisse-t-elle pudiquement.
Si The Artist a raflé six trophées aux César 2012, Omar Sy a décroché le César du meilleur acteur le 24 février dernier, devant Jean Dujardin, qui, deux soirs plus tard, était sacré meilleur acteur aux Oscar 2012, Outre-Atlantique. Une première pour le cinéma français, plus prometteur que jamais, grâce à des films comme Intouchables, qui, à Saint-Amand comme ailleurs, a su toucher le public en plein cœur.

[divider style=”striped”]« Le film Intouchables peut faire du bien à la société »

Thierry Bruneau travaille à L’Artisanerie de Saint-Amand

Thierry Bruneau a 47 ans. Depuis la sortie du film, lorsqu’il arrive au travail, à L’Artisanerie, entreprise de l’Association de parents d’enfants inadaptés (APEI), certains collègues caricaturent : « Tiens ! V’la l’intouchable ! » Thierry vit avec le syndrome de Little, une affection neurologique qui atrophie ses muscles et le contraint à utiliser un fauteuil roulant quand les cannes ne suffisent plus. Lorsqu’il a vu Intouchables, il s’est forcément identifié à François Cluzet, qui joue le rôle de Philippe, un aristocrate paraplégique qui recrute une aide à domicile au profil inattendu : Driss, un jeune de banlieue qui sort de prison, interprété par Omar Sy. Si, d’habitude, Thierry « regarde la moitié d’un film et, après, c’est le film qui me regarde », il a vu Intouchables deux fois et l’achètera en DVD à sa sortie le 28 mars : « A plusieurs reprises, quand on voit comment Driss manipule Philippe en le malmenant, je me suis dit : “Le pauvre, il y a un peu fort”. Pourtant, j’ai aimé qu’il ne lui fasse pas de cadeau ». Pour Thierry, peut-être parce qu’il est inspiré d’une histoire vraie, le film aborde très bien le thème du handicap. « On dit qu’on ne croit que ce qu’on voit, alors je pense que ce film peut faire du bien à la société », poursuit Thierry en évoquant la difficulté réelle de trouver une place de parking, accéder à certains trottoirs, mais aussi « d’être traité comme les autres ». Si « un ami également en fauteuil n’a pas souhaité voir Intouchables, peut-être parce qu’il accepte moins bien que moi son handicap », Thierry aimerait qu’il y ait une suite. Il a apprécié le « bon dosage d’humour du film », dont il retiendra plusieurs scènes : « J’ai adoré dans la voiture, quand la police interpelle Driss qui n’a pas de permis et que Philippe le couvre. Driss est en tort et il retourne la situation en leur faveur… »